
La compensation carbone: comment cela marche?
/ Mar272020Qu’est-ce que la Compensation Carbone? A l’heure des confinements, le trafic aérien s’est effondré. Le trafic a chuté de 80% en France, et on parle même d’une diminution de 90% sur l’aéroport de Marseille. En Chine, la circulation des trains a repris, mais les avions sont encore cloués au sol dans les régions qui sortent progressivement de quarantaine. Cet épisode est totalement inattendu. Le trafic aérien était l’une des sources les plus inquiétantes de pollution et l’on prévoyait une augmentation spectaculaire du nombre de passagers. Avant le coronavirus, vous aviez probablement reçu un mail d’Air France ou d’une autre compagnie aérienne vous indiquant que le vol que vous aviez effectué avait été « compensé ». Qu’est-ce que cela signifie? Qu’est-ce que la Compensation Carbone? A l’heure actuelle, personne ne peut dire comment tout cela va évoluer, mais nous avions envie d’en profiter pour vous raconter de quoi il s’agissait. Vous risquez quand même d’en entendre reparler…..un jour.
L’idée de départ est simple: une entreprise a une activité qui produit du CO2, ce gaz dont on connaît les effets sur le réchauffement climatique. Elle essaie de diminuer ses émissions mais le processus va prendre du temps, voir cela sera impossible en l’état actuel de la technologie qu’elle utilise. Elle décide alors de compenser ses émissions. Dans notre exemple, imaginons qu’elle produise 1 tonne de CO2.
Une autre entreprise a au contraire une activité qui permet de stocker ou de réduire 1 tonne de gaz à effet de serre: un projet de plantation d’arbres, d’installation d’éoliennes, d’équipements de logements avec des chaudières plus économes, des gestion de déchets, etc. La compensation carbone consiste pour l’entreprise « polluante » à financer ce projet: elle continue à polluer, mais elle subventionne une diminution de la pollution, ailleurs en achetant la tonne carbone non produite ou stockée par l’entreprise « vertueuse ».
On appelle cela une compensation carbone volontaire.
Sur le papier, c’est une bonne idée bien sûr. Mais de nombreux écologistes ne sont pas satisfaits.
D’abord parce que cette solution est très peu utilisée. Moins de 0,2% des émissions de 2018 ont été compensées! Ensuite parce que le prix moyen de la tonne d’équivalent CO2 compensée était de 3$ en 2018. Selon la Banque Mondiale, cela pousse les entreprises polluantes à s’acheter une bonne conscience ( et donc une bonne image) plutôt que de chercher des solutions durables pour réduire leurs émissions. Les économistes s’accordent pour fixer le prix idéal de la tonne compensée entre 40 et 80 $. L’opportunisme n’est jamais loin: « Le moyen le plus efficace aujourd’hui d’éliminer le carbone, pour moins de dix dollars la tonne, c’est la reforestation…. ». C’est Patrick Puyanné, le PDG de Total qui le dit dans le Monde daté du 20 janvier 2020.
Quant aux modes de compensation carbone, ils sont aussi « challengés ». Les projets de plantations d’arbres, par exemple, se multiplient. Car la demande excède le nombre d’initiatives à financer. Mais « les arbres plantés aujourd’hui mettront plusieurs dizaines d’années pour séquestrer les émissions actuelles alors que le CO2 a une durée de séjour approximative de cent ans et plus dans l’atmosphère. »( Jonathan Guyot, président d’all4trees).
Vous l’aurez compris: clamer que notre Paris-Bordeaux est « compensé » est nécessaire pour une compagnie aérienne dont les passagers sont de plus en plus sensibles à l’environnement alors qu’il n’existe aujourd’hui que très peu de solutions pour diminuer l’empreinte carbone du transport aérien. Mais de façon plus générale, l’enjeu véritable reste bien de diminuer les émissions elles-mêmes. Seulement 2% des voitures fabriquées dans le monde en 2019 étaient électriques. Et le pétrole représente encore 34% de la consommation énergétique mondiale (toujours en 2019).
A notre échelle, chez Yoga & Posture, nous faisons par exemple (et entre autres) le choix du Tencel et du Modal, qui sont produits à partir d’Eucalyptus et de Hêtre. La production du Modal est certifiée » bilan carbone neutre ». Et le BR4, nouveau tissus, produit en Italie par une société familiale, consomme 25% d’énergie en moins qu’un tissus conventionnel et il est issu de graines de ricins ( il remplace le nylon, sans utiliser de pétrole!).
Ce qui est en train de se passer est peut-être un rappel à l’ordre. Violent, effrayant, mais très efficace en ce qui concerne la qualité de l’air ( et sans doute de l’eau). Les images satellites de la région de Hubei en Chine, ou du nord de l’Italie, sont sans équivoque. De là à dire qu’un jour, on parlera moins de la compensation carbone?
Sources: ONU, Banque Mondiale, Ecosystem Marketplace, le Monde https://www.ecosystemmarketplace.com